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Rencontre avec Caroline Chazot

Mise à nu...

        

"J'ai quitté mon travail et mes peurs m'ont quittée"... Un grand saut il y a peu.
Pour le cabaret burlesque, l'effeuillage, l'approche des corps. L'alignement.
Caroline est lumineuse, épanouie aujourd'hui dans son âme d'artiste.

Entre ses personnages scéniques qu'elle crée, ses textes, ses costumes, et les cours d'effeuillage qu'elle dispense, Caroline se dévoile... avec pudeur.

Caroline, parlez-moi de "votre" scène.

Mes personnages sont vraiment burlesques, dans le sens où j'utilise beaucoup l'humour. Cela vient spontanément. Je me fie beaucoup à mon intuition. Je laisse la place à l'improvisation, même si je prépare les grandes lignes.

J'ai un personnage, une base, et j'ai des émotions qui arrivent à tout instant. Je ne veux pas me figer dans quelque chose que j'aurais préparé. Je veux me servir des émotions dans l'instant pour pouvoir alimenter ce que je propose aux spectateurs. Il y a cette part de surprise vis-à-vis du public. Il y a un échange, et c'est ça que j'aime. Sur scène, il y a ce côté instantané.

 

 

 

Lorsque je vous ai connue, il y avait une partie de vous professionnelle, disons plus "conventionnelle". Et un jour, vous m'avez écrit que vous aviez quitté votre travail et que la peur vous avait alors quittée. Quel est ce chemin qui vous a amenée à vous dire "je laisse mon travail pour être enfin celle que j'ai envie d'être" ?

 

Mon corps m'a beaucoup parlé, par des douleurs. J'ai senti alors que c'était le temps du changement. J'ai ensuite beaucoup rêvé, des rêves assez apocalyptiques, de fin du monde. Mais sans l'aspect terreur ou angoisse que cela peut engendrer. Ça m'a beaucoup interpelée. J'ai accueilli assez sereinement.

Le mois qui a suivi a été catastrophique dans mon travail. J'avais le sentiment que tout partait en vrille, au niveau du relationnel avec les enfants (nota : univers péri-scolaire). C'était très déstabilisant. Cela a conduit à une coupure très nette. Je suis allée voir mon médecin, et je lui ai dit : "je ne veux plus aller travailler". C'est la phrase que je lui ai dite texto. Il a écouté. Il a bien compris. Il m'a arrêtée, et c'est ce que j'attendais. Il m'a dit alors "on a qu'une vie, et il faut faire ce qu'on a vraiment envie de faire". Là, j'ai envie de lui dire merci.

Dans la semaine qui suivait, j'ai négocié ma disponibilité. J'avais déjà vécu cette expérience avant, mais j'étais revenue par peur.

"J'avais peur de l'insécurité matérielle. Peur de m'élancer."

Par peur de quoi ?

De l'insécurité matérielle. Peur de m'élancer. J'avais de grosses frustrations à ne pas pouvoir passer par-dessus, alors que j'avais des envies. Et puis tout s'est enchaîné à partir du moment où j'ai senti que c'était net et définitif.

Puis le "confinement" est arrivé et a été une période vraiment bénie où j'ai pu me poser, réfléchir, écrire, me rendre compte de ce que je ne voulais vraiment plus.

 

Il y a donc eu un processus d'évolution, de vos douleurs jusqu'à votre décision, en passant par l'écoute de vos rêves. Il y a eu une prise de conscience, sans vraiment oser, et puis vous vous êtes accordée le recul. Qu'avez-vous envie d'offrir au monde aujourd'hui ?

 

La sérénité. J'ai écrit hier soir et ce matin. Je vois bien que le cabaret burlesque me tient à cœur. Par cet art, on peut devenir qui on veut. On peut décider de ce qu'on a envie d'être. Dans la "vraie" vie finalement, les gens portent des masques. Ils jouent des rôles. Et quand ce rôle n'est pas assumé, on le sent. On est pas aligné. Le cabaret, ce n'est pas que se mettre des talons ou des paillettes, c'est aussi chercher pourquoi on le fait. Et ça nous amène finalement à nous questionner sur soi. Les gens parfois ne voient que le côté cabaret-burlesque-effeuillage "oh ! on se déshabille !".

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Justement Caroline, parlez-nous de l'effeuillage.

L'effeuillage, c'est se mettre à nu. Mais pas qu'en enlevant ses vêtements. C'est aussi se mettre à nu de l'intérieur et montrer qui on est au fond. On peut aussi le voir sous l'aspect délestage de ce qui nous pèse, par la symbolique des accessoires, pour arriver à la personne que l'on est vraiment.

"Dans l'effeuillage,on se met à nu."

 

 

On parle de l'effeuillage féminin, existe-t-il l'effeuillage masculin ?

 

Absolument.

 

Est-ce-que ça pourrait être une approche dans un processus thérapeutique ?

J'en suis convaincue. Lorsque j'ai commencé à faire de l'effeuillage, les personnes qui se sont présentées étaient dans une démarche compliquée pour elles. C'était plus compliqué que pour un cours lambda de danse. Il y avait ces femmes qui arrivaient avec leur histoire, souvent difficile. Dans leur rapport à la féminité. J'ai vu leur évolution et leur épanouissement au fil du temps, et cela pouvait se mesurer à la largeur du sourire !

Pour moi, c'est donc complètement thérapeutique. Je ne pourrais pas l'envisager autrement. Lorsque je reçois mes élèves, on va se raconter un peu, se dévoiler, et ensuite je ne sais pas où ça va nous mener. Et c'est ça qui me plait.

Ça ne serait pas un peu ce que vous avez vécu ? Prendre conscience, lâcher puis se mettre à nu ... sans savoir où cela va vous mener, mais vous y allez. En totale confiance !

Aujourd'hui, je me sens bien. Vraiment très, très bien. J'ai confiance et je me rends compte de la chance que j'ai. Tout a une saveur différente. Je redécouvre mon environnement. Je me souviens que j'avais cette sensation de fuir, d'aller chercher "ailleurs". Et finalement je me suis rendu compte que je pouvais tout trouver ici, à la fois dans mon environnement physique, mais aussi dans mon propre intérieur.

 

 

"Aujourd'hui, tout a une saveur différente."

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

Vous avez, parmi d'autres, un sacré personnage, que vous dévoilez notamment sur les réseaux sociaux "Lola De Guingois". On a l'impression que vous allez chercher dans des parties de vous, caustiques, parfois acerbes. L'humour, et, au travers de Lola, certaines de vos parties s'expriment, sans que cela soit duel. Alors que celle qui se présente à moi aujourd'hui semble à l'antinomie de Lola. Comment articulez-vous ces différents aspects de vous-même ?

Je me suis rendu compte que la douceur n'empêchait pas la force. Je suis dans cette complémentarité : la biche apporte au cerf et le cerf apporte à la biche (en référence à la découverte des animaux totem). Je ne suis pas dans deux opposés, bien au contraire.

Lola, effectivement, c'est un personnage. De plus en plus, elle me permet d'exprimer ce que je suis, moi. Je le vois aussi avec les photos (de nu). Sans perruque, sans maquillage. J'avoue qu'au départ, ce personnage était bien pratique. Comme on peut faire parler une marionnette quand on est ventriloque. Des choses qu'on a en nous et qu'on ne peut exprimer dans un autre contexte, par peur du jugement. Par peur de la censure. La peur d'être rejeté. Cette peur maintenant disparaît petit à petit.

"Je m'offre maintenant la liberté de me laisser guider."

Comment mettez-vous en avant aujourd'hui votre multiplicité ? Car vous écrivez également vos textes, vous créez vos costumes, et vous avez d'autres parties artistiques encore !

J'essaye de ne faire qu'une seule chose à la fois, mais je n'y arrive pas ! Aujourd'hui, je laisse parler mon intuition et mon ressenti. J'ai essayé moult fois de me faire des programmes, et je me suis rendu compte que je ne fonctionnais pas du tout comme ça. Je m'offre maintenant la liberté de me laisser guider le matin par ces envies et cette expression. Celle qui me guide.

Je me laisse guider.

Vous vous laissez guider par la vie, les signes de la vie, votre intuition, par ce qui vous semble être juste... Et si c'était cela, être heureux, Caroline ?

En tout cas, on s'en approche !!!

Je suis maintenant confiante et j'ai l'impression de quelque chose qui s'ouvre. Je ne veux plus me poser de limites. Je me laisse guider par les signes, les vibrations... Par une dimension plus spirituelle. Nous montons notre propre troupe et je suis en train de créer une association (coordonnées ultérieures). Je ne veux pas me limiter aux talons et aux paillettes. Je veux une ouverture sur l'art, la culture, le bien-être. Pour emmener les gens aussi loin que je le peux...

interview Séverine Camus

photos Agnieszka Hernes-Volmar

juin 2020

 

 

https://www.facebook.com/people/Lola-De-Guingois/100005119636317

#loladeguingois #effeuillage #cabaretburlesque

#changerdevie

#changeyourlife

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Il faut vraiment s'écouter. Ne jamais arrêter d'aller chercher, de rencontrer et "sortir de sa zone de confort". On sait qu'on va passer par des moments inconfortables, dans la recherche de soi. Mais se dire que ces moments sont vraiment passagers, et qu'il y a toujours quelque chose de bien qui en ressort. Écouter cette force qui nous pousse en avant. Qui fait peur. Mais il faut aller au-delà.

Pour moi, cela a été une question de vie ou de mort. Je devais le faire, sinon j'allais mourir. Spirituellement. Physiquement.

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